Les éditions Diane de Selliers sont connues et reconnues pour éditer des monuments patrimoniaux de la culture littéraire mondiale (1) avec une exigence de qualité extrêmement élevée. C’est ainsi qu’en 2014, la maison fait connaître le fruit d’un travail de plus de 3 ans d’une équipe de chercheurs de tous horizons autour du Shuhanron emaki. Ce  Rouleau sur les mérites comparés du saké et du riz, de 31 cm de haut sur 7,30 m de long est conservé à la BnF. Il s’accompagne d’un texte éponyme qui pourrait dater du XVIè siècle et est traduit pour la 1ère fois en français.

Il s’agit d’une disputation parodique à la portée allégorique certaine. En effet, elle met en scène 3 personnages aux noms évocateurs. Le premier : Tientlonguet Maîtrechai est un noble. Il est amateur de saké et défend avec éloquence les bienfaits de la boisson. Le deuxième : Aymeriz Gardemanger est un moine . Sobre, il compense par la nourriture : le riz, particulièrement. Le troisième : Tempérant Entrebassin est un guerrier. Il prône une alimentation diversifiée et promeut la « Voie du milieu ». Ensemble donc, ils devisent, argumentent et confrontent leurs points de vue de façon humoristique dans une controverse culinaire et œnologique animée. Jeux de mots et inventions lexicales rappellent notre Rabelais national mais c’est plutôt le bouddhisme tendai qui prédomine à la fin avec l’éloge de la modération. C’est un bonheur de découvrir cette rhétorique classique japonaise sous cette forme parodique.

Bonheur aussi d’une iconographie extrêmement détaillée de la préparation des ingrédients à la dégustation des mets lors des banquets. La qualité du rouleau est totalement restituée par celle des reproductions : 11 scènes et 39 détails permettent au lecteur d’apprécier la précision de ces scènes de repas, des pratiques culinaires. Une découverte absolue !

L’ouvrage s’enrichit aussi des commentaires iconographiques et culturels de spécialistes qui apportent un éclairage érudit aussi bien sur les pratiques culinaires au XVIè siècle ou la fabrication du saké que sur l’aspect philosophique du texte.

Une édition à la fois artistique et érudite des mérites comparés du saké et du riz. Un plaisir d’esthète doublée d’une plongée au cœur de la société japonaise du XVIè siècle. Une offre donc à ne pas rater !

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

(1) Lire notamment notre chronique : https://asiexpo.fr/le-dit-du-genji-illustre-par-la-peinture-traditionnelle-japonaise-parait-en-coffret/

Des mérites comparés du saké et du riz illustré par un rouleau du XVIIè siècle, 2014, volume sous coffret illustré, 29 × 27 cm , 248 pages, 62 illustrations, 65 €(au lieu de 160 €), éd. Diane de Selliers.

https://editionsdianedeselliers.com/boutique/la-collection/des-merites-compares-du-sake-et-du-riz/