Suite à un accident de la circulation, Kô Fujimura s’est retrouvé blessé aux yeux et a subi de multiples contusions crâniennes. Les médecins lui promettent qu’il retrouvera la vue, mais alors qu’il est encore à l’hôpital, le voilà victime d’une agression : une femme cherche à le tuer pour récupérer ses yeux. Kô est heureusement sauvé in extremis par trois autres demoiselles, mais celle qui attentait à sa vie est parvenue à s’échapper. Quelques jours plus tard, ses bandages sont retirés et Kô constate que sa vue est même meilleure qu’avant l’accident. Mais alors qu’il retrouve la vie civile, Kô croise des personnes dont le visage est remplacé par une brume mystérieuse… plus étrange encore, il semble être le seul à les repérer ! Que cache donc ce don fraîchement acquis, et pourquoi suscite-t-il une telle convoitise ?
Après le succès honorable de Cage of Eden, Yoshinobu Yamada revient en France et toujours aux éditions Soleil avec Deathtopia. Lancé en 2014 dans l’Evening de Kôdansha, ce seinen s’est achevé en décembre 2016 au Japon au bout de huit volumes. Si le titre précédent s’inscrivait dans le registre de la survie insulaire, Deathtopia est un thriller urbain avec un soupçon de fantastique, façon Type-Moon. En effet, le pouvoir émergent de Kô n’est pas sans rappeler celui de Shiki dans Tsukihime : tous deux peuvent repérer des individus sortant du lot, des psychopathes aux pouvoirs surhumains, et tous deux peuvent contrôler ce don grâce à leurs lunettes. En outre, les deux œuvres partagent une ambiance glauque et sanglante (l’aspect gothique/vampire en moins dans le cas présent), et un penchant assez prononcé pour le fan service.
Sur ce dernier point, la couverture de ce premier volume est source de promesses, qui ne tarderont pas à être tenues : chaque héroïne, aux attributs mammaires plus ou moins prononcés, aura systématiquement droit à sa séquence dénudée, seule ou en groupe. C’est comme si Yoshinobu Yamada était tenu à un cahier des charges pour assouvir nos bas-instincts, au risque de faire passer son intrigue au second plan. Heureusement, l’action reste au rendez-vous malgré les nombreux concepts à intégrer, pour un tome assez dense mais restant très lisible. Le mangaka sait faire monter le suspense et rendre le danger palpable et donne envie au lecteur d’en savoir davantage.
Ce premier volume de Deathtopia a donc des arguments pour convaincre le lecteur d’aller plus loin, délaissant l’originalité au bénéfice de son efficacité narrative, porté par un trait clair et réaliste. Il est cependant dommage que l’intrigue soit entachée par un fan service beaucoup trop prédominant, faisant passer le titre dans une catégorie autrement plus vulgaire. Les séquences suggestives en deviennent des points de passage attendus, posés pour retenir l’attention plus que pour offrir des moments de répit au récit. Mais si vous n’êtes pas allergiques à ce genre d’artifices grossiers, alors Deathtopia pourrait bien vous séduire.
DEATHTOPIA (—) tome 1 de Yoshinobu YAMADA (2014)
Suspense/Fantastique, Japon, Soleil – Seinen, février 2017, 192 pages, livre broché 7,99€