Depuis qu’elle avait dû quitter le Manoir du Lierre Noir après la mort de sa mère, Chizuru n’a cessé de penser à son retour là-bas. Elle avait hâte de retrouver le jeune maître Yukihiko, dont sa mère était la domestique et qui a été si gentil avec elle. Il a continué de rester en contact avec elle, en lui envoyant régulièrement des lettres. Si ses sentiments envers lui sont confus, Chizuru sait qu’elle veut rester auprès de lui en étant à son service. Et si le jeune maitre semble aussi éprouver quelque chose pour elle, la jeune femme découvre qu’il a un penchant assez pervers. En effet dans une pièce, elle découvre une collection de ses anciennes affaires personnelles, qu’elle croyait perdues ou disparues, parfois portées et non lavées, soigneusement rangées et exposées. Malgré ce « détail » gênant, Chizuru ne veut pas modifier leur relation, qui pourrait même évoluer. Cependant elle ne tarde pas à découvrir le vrai secret du jeune maitre, qui est bien plus sombre et dangereux…
Auteur très prolifique, Tomu Ohmi revient avec le thème assez classique de la jeune servante amoureuse de son beau et mystérieux employeur. Le scénario se rapproche du « Dit de Genji » de Murasaki Shikibu vu que le jeune maitre a tout fait pour que Chizuru ne l’oublie pas et revienne volontairement vers lui dès que possible. S’il possède de nombreuses qualités, son petit côté pervers le rend touchant. Surtout que c’est pour lui le seul moyen de s’accrocher à la seule personne qui daigne l’approcher, son étrange secret et sa situation familiale l’ayant en effet isolé. Si cela peut sembler un peu malsain, le fait que Chizuru accepte plus ou moins cet état de fait, surtout que c’est elle qui a choisi de revenir, allège cette facette de l’histoire. C’est elle qui veut rester auprès de lui, même après avoir découvert ses secrets. Elle en sort moins soumise qu’elle ne le laisse paraitre. Si l’issue de ce manga (du moins une partie) semble évidente, tout ne va pas se faire simplement. Le « petit » côté fantastique, dont on ne voit pas encore la finalité pour le moment, apporte un peu de piquant à un scénario assez convenu mais pas inintéressant. Comme le dessin est soigné, cela rend la lecture agréable mais il faut attendre la suite pour juger de l’ensemble. Les amatrices de frissons amoureux seront-elles aux anges.
Fabrice Docher
DARK SWEET NIGHTMARE (KUROTSUTA YASHIKI NO HIMEGOTO) volume 1 de Tomu OHMI (2014)
Fantastique / romance / drame, Japon, Soleil Manga – Gothic, novembre 2015, 192 pages, livre broché 6.99 euros