Contes et récits de Corée paraît en Folio bilingue.

Fidèle à son offre de découverte des cultures asiatiques, la collection Folio bilingue nous convie en Corée au travers d’un collectif de contes et récits. Par l’intermédiaire de neuf textes datant du XVIIIe au XIXe siècle, nous apprenons à mieux connaître les us et coutumes du peuple comme de la noblesse de la dynastie Yi (1392-1910).

Ces histoires proviennent d’un abondant répertoire populaire de plus d’un millier de titres, toutes issues du folklore oral. Elles se déroulent dans le pays nommé Joseon (1) à l’exception de la première qui est antérieure à cette période. Elle correspondant, en effet, à celle du royaume de Goryô (918-1392) qui a donné son nom à la Corée actuelle.Les six premiers récits confrontent des gens du peuple aux lettrés, yangban, sous influence chinoise. Souvent, les rôles sont inversés. Loin de l’idéal confucéen, certains yangban se comportent de façon assez vile pour ne pas dire abjecte. Ils n’hésitent pas à se parjurer comme dans « La promesse violée » où l’infortunée amoureuse se suicide.

Ainsi, la vraie force morale est incarnée par des femmes, souvent très jeunes, d’ailleurs, comme dans : « En balayant la neige ». Mieux encore, certaines, comme l’héroïne de « Déguisée en homme elle retrouve son vrai mari », n’hésitent pas à braver la morale confucéenne qui tient les femmes pour des êtres frêles et inhibés. Quant à « La femme au sabre », le lettré est non seulement terne, mais il est surtout bien en dessous des valeurs qu’il prétend incarner. Sa concubine a tôt fait de le remettre à sa place dans un récit fantasmagorique du plus bel effet moderniste.

Les femmes tiennent ainsi le haut du pavé par un sérieux et une abnégation sans bornes, damant le pion aux prétendus nobles. Quant aux trois derniers textes, ils nous entraînent dans le rocambolesque flirtant avec le surréalisme. Notamment, dans « Le gringalet qui misa son épouse à la lutte et l’affreux moine qui périt dans la fosse à purin ». L’histoire y est si farfelue qu’elle tient le lecteur en un rire ininterrompu.

Le style précis et imaginatif des différents lettrés qui ont valorisé ces récits nous ouvre un monde jusqu’alors inaccessible. D’abord rédigés en chinois, afin qu’ils acquièrent leurs lettres de noblesse, ils sont très vite traduits en coréen, dans l’alphabet hangeul que le roi Sejong a mis au point au début du XVe siècle. Ainsi le peuple accède à ces histoires. Exclu de la culture savante, il ne lisait pas le chinois, les femmes encore moins.

À noter que certains textes sont agrémentés de délicates miniatures noir et blanc du meilleur effet.

Ces histoires rééquilibrent la notion du rapport de force entre la classe dirigeante et le peuple, entre les hommes et les femmes. Elles démontrent, ainsi, une plus juste réalité des divers constituants de cette société perçue comme très rigide.

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

(1) lire notre chronique : https://asiexpo.fr/histoire-de-la-coree-des-origines-a-nos-jours-de-pascal-dayez-burgeon-ressort-en-poche/

Contes et récits de Corée, 208 pages, 10 €, Folio bilingue. En librairie le 16 octobre 2025.

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