CHRONIQUES DE LAPICYAN volume 1 de LINCO

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Il y a bien longtemps, humains et esprits vivaient en harmonie dans le monde de Lapicyan. Mais la convoitise des uns entraîna l’ire des autres, et s’ensuivit une longue période de conflits. Puis la paix revint et les siècles passèrent, au point que cette histoire fut oubliée… Mais l’intronisation d’un nouveau roi ayant décrété le retour de la chasse aux esprits déséquilibre à nouveau l’ordre naturel…. Sui, une jeune fille mi-humaine mi-esprit, vit dans un village marqué par une terrible sécheresse, et part à la recherche de l’esprit de la rivière avoisinante, qui s’est caché des humains. Cette rencontre marquera le début d’un très long périple…

Première œuvre d’une jeune mangaka répondant au pseudonyme de Linco, Chroniques de Lapicyan apporte sa contribution à un genre encore sous-représenté : celui du shôjo d’heroic-fantasy. L’artiste nous présente son univers et ses histoires passées, avant de nous faire vivre les aventures de Sui, une héroïne résolument attachante, et de Luli, l’esprit aquatique qui la protégera tout au long de sa quête. Le binôme parcourra ainsi le royaume en rencontrant plusieurs personnages pour autant d’histoires secondaires, tout en tissant le fil d’une intrigue plus complexe. Tandis que Sui est dans une traditionnelle quête du père, Luli est en pleine recherche de rédemption. Mais ces deux pistes narratives vont probablement se fondre l’une dans l’autre, au fil de l’exposition des adversaires en place. Les relations entre les personnages, et plus particulièrement entre les deux races, cristallisent le cœur du récit : de la haine à l’amour, de la vengeance au pardon. Néanmoins, rien de bien original en magasin : ces oppositions sont monnaies courantes dans le genre, même si l’auteure force le trait sur les sentiments de chacun, en soulignant quelques marques d’affections plus ou moins subtiles.

Toutefois, le récit souffre d’un certain problème de lisibilité : une fois passées les splendides pages couleurs d’introduction, la mise en page pêche par une narration décousue, une surcharge de trames, et un emploi trop récurrent du « super-deformed » (personnages aux proportions caricaturales) pour pallier à un manque d’application de la dessinatrice. Des défauts récurrents dans le style shôjo, mais qui sont ici couplés à une action au rythme frénétique : les péripéties s’enchaînent en changeant brusquement d’humeur ou de point de vue, et il n’est pas rare de s’y reprendre à plusieurs reprises pour comprendre ce qui vient de se passer.

On sent pourtant que Linco est pétrie de bonne volonté, et qu’elle aime l’univers qu’elle dépeint dans son histoire ; en témoignent les sous-titres des chapitres présentés dans un alphabet codé, pour apporter un sentiment d’exotisme et récompenser avec complicité celui qui se donnera la peine de les déchiffrer. Alors que la série s’est terminée au Japon au bout de son troisième volume, espérons au moins que la mangaka ait pu aller au bout de ses idées, dans ce premier titre sympathique, mais qui accuse de trop nombreuses maladresses par inexpérience.

Alain Broutta

CHRONIQUES DE LAPICYAN (—) volume 1 de LINCO (2016)

Aventure / Fantasy, France, Glénat – Shojo, juin 2016, 152 pages, livre broché 9.15 euros

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