Shangai, 31 décembre 2009, Aurélie fête le nouvel an avec conjoint d’alors et amis à l’hôtel Marriott, réception grandiose et très courue. On boit, on danse, on s’amuse.
Elle se réveille le 1er janvier avec un vide absolu, amnésie des dernières heures de la nuit. Cette scène inaugure le roman Réveil à Shangai que l’autrice a écrit en 2022. Il avait des aspects autobiographiques déjà. Mais dans Briser l’armure, du GHB à la pleine présence, elle va plus loin et raconte, par le détail, toutes les étapes par lesquelles elle est passée, avant de reprendre les rênes de sa vie pourrait-on dire.
En effet, le chemin est long et tortueux pour comprendre l’origine de l’amnésie chimique de cette fameuse nuit, de même ce qui a pu se passer. Et, peut-être pire encore : le viol qu’elle subit de la part de son propre mari quand elle rentre enfin chez elle, totalement en détresse, et, qu’au lieu de la soutenir, il l’accable et abuse d’elle.
Les thèmes abordés : agression au GHB puis viol conjugal ne sont pas anodins mais plutôt tabous. Et il ne faut pas moins de 13 ans à Aurélie Croiziers pour avoir une idée claire de ce qui a pu se passer. Elle ne s’épargne pas et ne nous épargne rien non plus. Elle passe en revue les nombreux thérapeutes qui l’ont aidée, les lectures et les stages de reconstruction qui ont jalonné ces 13 années : de la méditation Vipassana au yoga Kondalini en passant par la pensée de Patrick Lopvet et la bibliomancie pour parvenir à cette image du Kintsugi. « Cet art japonais où l’on répare les céramiques cassées au moyen de laque saupoudrée de poudre d’or » est une magnifique métaphore pour dire la réparation. Mais aussi le fait que cette part de son histoire fait partie d’elle, mais elle ne la définit pas.
Ce chemin de vie aboutit donc finalement à la lumière avec une reprise en main de son destin et la découverte de ses qualités de magnétiseuse et de guérisseuse.
C’est pour cela qu’au-delà du portrait de femme nécessaire, cette reconquête de soi est un beau témoignage d’empuissancement fait de dépassement, d’écriture et de spiritualité.
Le livre se termine sur un entretien avec une spécialiste de la soumission chimique. Elle en donne les symptômes et ce qu’il faut faire si l’on a une suspicion. La vigilance s’impose dans tous les cas.
Dans le même temps, paraît chez le même éditeur 52 paroles chamaniques, un petit recueil, synthèse des pensées égrenées tout au long de la trilogie de Tigran : Shaman, l‘Aventure mongole.
Presque chaque “oracle” est accompagné d’un lavis réaliste de Yu Zhao. Chacun donne un aperçu de la diversité de ce monde lointain. Une autre façon de s’immerger dans la steppe mongole autant matérielle que spirituelle (1).
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
(1) 52 paroles chamaniques de Tigran, 92 pages, 7,90€, collection « La petite bibliothèque », Mama éditions. Lire aussi nos chroniques : https://asiexpo.fr/shaman-la-trilogie-de-tigran-parait-chez-mama-editions/
Briser l’armure, du GHB à la pleine présence d’Aurélie Croiziers de la Lacvivier, 160 pages, 19€, collection « Témoignages », Mama éditions.