A la mode dans le cinéma thaïlandais depuis le succès fracassant de Satreelex / The Iron Ladies, le thème du transsexualisme est abordé dans Beautiful Boxer de façon plus subtile. Ekachai Uekrongtham retrace la vie de Parinya Charoenphol, plus connu sous son nom de ring Nong Toom, champion de boxe thaïlandaise poursuivant le même rêve depuis son enfance : changer de sexe.
L’intérêt majeur du film réside dans la confrontation entre la personnalité délicate du héros et l’univers du muay thai, tradition incontournable et virile de la société thaïlandaise, et dans l’entrelacement de ces deux mondes, opposés en apparence (voir le contraste entre les ambiances des spectacles de danse et de boxe lors des fêtes populaires), mais peut-être plus proches qu’il n’y paraît (la chorégraphie des boxeurs rappelant celle de la danse traditionnelle). Ces rapports se retrouvent dans le personnage central : à priori perdu dans un monde auquel il ne pourra jamais appartenir, il va utiliser la boxe comme un simple moyen de réaliser son rêve, sa détermination à changer de sexe lui permettant justement de devenir un combattant de premier plan. Dépassant cette opposition supposée, le film montre que les deux visages du héros ne sont pas inconciliables mais liés. Les actes et expériences du boxeur influencent le comportement du travesti et vice versa, permettant à Nong Toom de se construire et de s’épanouir en affirmant son identité.
Le film préfère un ton gai à une approche trop dramatique, et prend même une dimension plus générale en dépassant le simple cadre de la transsexualité pour questionner sur ce qui définit un être et une personnalité, sur les étapes de la construction de ceux-ci, et sur la perte d’identité.
Éditeur : Antiprod
Pays : Thaïlande