Le jeune Jinsuke vit dans un petit appartement avec sa mère, qui tente de subvenir à leurs besoins comme elle peut en se prostituant. Elle tente de lui offrir une vie normale mais ils sont en fait en cavale depuis un an. Après avoir vu quelque chose qui a déjà coûté la vie à son mari, elle a dû fuir avec son fils. Et aujourd’hui alors, qu’elle fête les 10 ans de Jinsuke, leur adversaire les a retrouvé. Un homme abat à la femme mais avant de s’en prendre à l’enfant, il est dérangé par la voisine, qui vient se plaindre du bruit qu’ils faisaient. L’assassin pense que c’est juste une râleuse dont il va devoir se débarrasser ; mais dès que celle-ci voit son arme, elle le retourne contre lui pour le tuer. Cette jeune fille qui semble une professionnelle se retrouve alors embarquer dans la tragique histoire de Jinsuke…
Comme le dit si bien la campagne de pub de Kommiku, l’histoire se rapproche de celle du film Léon de Luc Besson : un assassin recueille plus ou moins contre son gré un enfant, seul rescapé de l’assassinat de sa famille par des flics corrompus, et ils doivent fuir pour se sortir d’une machination que l’on devine assez grande. Bien sûr les protagonistes sont différents, avec des sexes inversés : l’assassin est une jeune femme et l’enfant un garçon. La famille de ce dernier était en plus recherchée non pas pour avoir trempé dans des affaires louches mais pour avoir vu ce qu’il ne fallait pas. Pour le reste, la structure générale s’en rapproche effectivement. On ne sait pas si Mlle Suzuki est vraiment active, vu que l’on dirait qu’elle cherche plutôt à se reposer, mais l’arrivée de l’enfant vient tout bouleverser. Elle tente très vite de le sortir de sa vie avant de se rendre compte que même elle se sera plus tranquille, leurs adversaires la connaissant (et pour certains même bien). Il semble également qu’elle se retrouve dans l’histoire de Jinsuke. Le garçon, après la mort de son père, vivait déjà avec une certaine menace au-dessus de sa tête et c’est pour cela qu’il mettra un moment à dévoiler ses sentiments. La jeune fille, qui ne connait pas grand-chose à la vie et ne semble pas avoir de vraies attaches, est au début assez distante, bien qu’elle donne l’impression d’avoir vécu la même chose. Ensemble ils vont devoir apprendre à s’apprivoiser, à passer pour une famille normale et donc avoir un comportement normal (comme par exemple l’épisode du curry). Si ce n’est peut-être pas pour se reconstruire, c’est avant tout pour pouvoir mieux fuir. L’histoire a de quoi être développée, vu que l’on ne sait pour le moment pas grand-chose de l’affaire des 500 millions, à part qu’elle remonte au moins jusqu’à un commissaire, le premier policier tué par Mlle Suzuki et que beaucoup de personnes semblent impliquées. En tout cas pour une première œuvre, Hirohisa Sato frappe très fort. Le dessin réaliste participe activement à la réussite de cette histoire, dont le rythme est bien construit. Les scènes d’action sont peu nombreuses et rapides, mais toujours bien placées, entre des séquences de contemplation ou de vie quotidienne assez émouvantes. On s’attache assez vite aux personnages, dont les réactions sont très crédibles, et on attend de voir comment ils vont évoluer surtout face à leurs adversaires qui se rapprochent assez vite d’eux. Vont-ils arriver à se sortir des griffes de la police ? C’est ce que nous attendons tous de savoir avec impatience.
Fabrice Docher
ASSASSINS (SUZUKI SAN WA TADA SIZUKANI KURASHITAI) volume 1 d’Hirohisa SATO (2014)
Thriller / policier / drame / comédie / action, Japon, Komikku éditions, août 2016, 190 pages, livre broché euros