Été 2008 en Californie. Le jeune Chris surnommé Wang Wang par ses copains et appelé Didi par sa famille a du mal à concilier ses origines taïwanaises et sa volonté d’intégration totale à la jeunesse américaine.
Chez lui, on parle chinois et ce sont les femmes qui sont maitresses. Sa grand-mère Nai Nai est la mère de son père absent pour cause de travail à Taïwan. Elle veut faire respecter les coutumes. Sa mère, ensuite, est une artiste peintre recalée et elle a bien du mal à concilier éducation traditionnelle et moderne. Enfin sa grande sœur, à qui il « pique » ses tee-shirts ou sweats pour être dans le vent. Elle va intégrer une grande université à la rentrée.
Alors Chris goûte à la liberté avec ses copains avec qui il traîne en ville. Il fait du skate et s’improvise même « réalisateur » auprès de skaters plus âgés. Et puis il a un faible pour une fille « qui aime les Asiatiques », mais il n’ose pas l’embrasser. Même s’il s’est bien renseigné sur Internet !
Le sujet est archi rebattu : le teen movie ou le coming-of-age assorti du thème de la double culture. Et cela donne un film assez touchant. Le tiraillement de Chris entre ses deux mondes est bien symbolisé par ses multiples prénoms. Comment s’y retrouver dans ce melting-pot ? Sean Wang a dû mettre beaucoup de son expérience intime pour donner cette profondeur sensible à son Didi avec son immaturité, ses maladresses et ses bourdes de débutant.
Les balbutiements des réseaux sociaux avec leur iconographie de l’époque sont assez savoureux. Les tutos en tous genres consultés à toute vitesse sur YouTube donnent des scènes drôles aussi, comme ses ratages filmographiques. Reste une sensibilité touchante et attachante pour ce jeune adolescent qui grandit sous nos yeux en faisant ses premières expériences. Ce qui en fait aussi un joli film initiatique.
Il a reçu le prix du jury et celui du public au dernier festival de Sundance créé par le regretté Robert Redford.
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
Didi de Sean Wang, 2025, 1h31, DVD et Blu Ray distr. Condor Films.

