3 sorties asiatiques inédites en blu-ray ce mois de janvier chez Carlotta.

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Nous retiendrons d’abord Mad fate du Hongkongais Soi Cheang. Comme son titre l’indique, il est question de destin et de folie qui affleure. La 1ère scène donne le ton. Nuit d’orage, dans un cimetière, un maître de feng shui tente de changer le destin d’une prostituée qui doit mourir. Mais, comme dans la tragédie grecque, le fatum doit advenir. Le maître retrouve ainsi la jeune femme morte, dans son appartement, sous les coups d’un serial killer. Un jeune livreur arrive à ce moment-là, fasciné et comme hypnotisé par le sang. L’inspecteur qui suit l’enquête le connaît bien et reconnaît en lui un psychopathe-né. Le maître de feng shui lui dit d’ailleurs que sa vie est vouée à l’échec, que son destin est funeste. C’est pour cela qu’il lui propose de tout faire pour le changer.

Le mélange des 3 intrigues constitue le film, à la fois thriller, giallo et drame policier mâtiné d’humour. Dans la bande son notamment, avec des musiques décalées. Soi Cheong a abandonné le noir et blanc crasseux et stylisé de Limbo pour des couleurs très « giallesques ». Mais sa radicalité est toujours bien présente dans sa description des bas-fonds de Hong Kong. Prostituées, mystiques et psychopathes y cohabitent dans un dédale de rues et ruelles glauques à souhait, sous des néons multicolores.

Les lieux, comme les personnages ne sont pas nommés, mais représentent des positions, des attitudes face à la vie, à ce fameux destin. L’espoir, la communication avec un dieu ou un quelconque au-delà y sont présents. Quant aux personnages, ils incarnent respectivement l’empathie pour le maître, les désirs pour le livreur, la rationalité pour le policier. Car il est radicalement question de la condition humaine dans ce film de genres.

La harpe de Birmanie du Japonais Kon Ochikawa est une fable humaniste sur les ravages de la seconde du Pacifique. À l’été 1945, un régiment de l’armée impériale japonaise erre dans la jungle birmane. Bientôt encerclé par l’armée britannique, il se rend sans violence. Son éclaireur Mizushima est un joueur de harpe autodidacte. Envoyé en reconnaissance, il échoue et est porté disparu. Ses compagnons croisent un jour un moine bouddhiste qui lui ressemble étrangement…

Le film obtint un succès international en 1956 avec son prix à la Mostra de Venise. C’est un hymne pacifiste à la beauté lancinante de la musique, signée Akira Ifukube. Les paysages, dans leur minéralité exacerbent la désolation de l’époque. Mizushima ne devra son salut et celui des soldats morts loin de leur patrie que dans le bouddhisme.

Crazy family du Japonais Sogo Ishii est d’un tout autre genre puisque c’est une satire bien déjantée de l’institution que représente la famille au Japon.

Il y en a vraiment pour tous les goûts assurément !

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

Mad fate, scénario de Yau Nai-Hoi et Melvin Li et réalisation de Soi Cheang, avec Lam Ka Tung, Lokman Yeung, 2023, 108 mn, 20€. Édition Blu-ray disc disponible le 21 janvier 2025.

La harpe de Birmanie du Japonais Kon Ochikawa, 1956, 117 mn, noir et blanc, 20€. Édition Blu-ray disc disponible le 21 janvier 2025.

Crazy family de Sogo Ishii, 1984, 107 mn, 20€. Édition Blu-ray disc disponible le 21 janvier 2025.

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