Après « Oasis » (2002) et « Secret Sunshine » (2007), tous deux très remarqués dans les festivals de cinéma internationaux, Lee Chang-dong présentait cette année son dernier film, « Poetry », primé au festival de Cannes.
Mija, grand-mère naïve, sensible et un peu excentrique, s’occupe seule de son petit-fils adolescent dans une ville de province. Un jour, elle se décide enfin à s’inscrire au cours de poésie qui avait attiré son attention quelque temps auparavant. C’est alors que le drame s’immisce dans sa vie : une collégienne se donne la mort et le petit$fils de Mija semble faire partie des responsables de ce suicide ; au même moment, Mija apprend qu’elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer.
« Poetry » est un film difficile à résumer ou à analyser. Non pas que son propos soit complexe mais tel un poème, il est difficile d’en avoir une vue d’ensemble ou de cerner l’intention de son auteur. Pourtant, il fait naître toute une palette d’émotions et de sentiments et lorsqu’il entre en résonance avec la sensibilité de son spectateur, le frisson est garanti, le cœur s’emballe… et Lee Chang-dong réussit ce difficile exercice car son film est une merveille de sensibilité et de délicatesse. Mija est confrontée à une dure réalité : le viol, la vieillesse, la mort, l’insensibilité et l’inhumanité… Bien qu’elle tressaute à peine en apparence, chacune de ces expériences la traverse de part en part. On pourrait croire que la poésie, ou même Alzheimer, qui symbolise l’oubli, sont des échappatoires, mais il n’en est rien car Mija virevoltante pèse bien de tout son poids sur cette sordide réalité. L’interprétation de Mija par Yoon Jung-hee, superstar du cinéma coréen, est éblouissante, la mise en scène raffinée et délicate et « Poetry ».
Un très beau film, à voir absolument !
Éditeur : Diaphana Édition Vidéo
Pays : Corée du Sud