Après l’alliance forgée sur Zo entre les Minks, les habitants du pays de Wa et l’équipage du Chapeau de Paille, nos héros se scindent en différents groupes, chacun dédié à une mission bien précise. En particulier, Luffy mène une équipe hétéroclite en direction de Totto Land le quartier général de Big Mom. Son objectif est d’empêcher l’union de Sanji avec l’une de ses (nombreuses) filles, Pudding, qu’il rencontre par hasard, à peine arrivé sur l’île Tougato…
Si le précédent volume gonflait les voiles d’une nouvelle dynamique globale, ce nouveau tome de One Piece s’ancre finalement au large de côtes que le lecteur a déjà aperçus. En effet, le récit se centre uniquement sur le périple de Luffy partant à la rescousse de son maître coq, sans doute par souci de lisibilité. Mais de fait, nous replongeons dans le schéma narratif classique de la série, quand bien même avec un casting légèrement remanié. Luffy et sa bande découvrent un nouvel univers _ en l’occurrence, un monde fait de gâteaux et d’objets animés, affichant des visages souriants dans un style cartoon. On appréhende peu à peu les règles de ce nouveau royaume, et la hiérarchie qui régit la famille Charlotte, dans une logique de clan déjà appréhendée à de nombreuses reprises. Et dans cette même logique, Luffy ne tardera pas à se frotter à ses premiers lieutenants, le tout nous étant présenté dans une certaine forme de surenchère à la puissance.
La notion « famille » est d’ailleurs au centre de l’intrigue, à différents degrés. Tout d’abord, comme dit précédemment, par la présentation de Charlotte Linlin alias « Big Mom » et de sa descendance plus qu’exhaustive. Elle scelle ainsi de nombreuses unions par le mariage et par le sang, afin d’établir sa domination matriarcale sur le Nouveau Monde, sans parler de son pouvoir redoutable… L’autre famille à l’honneur est le clan Vinsmoke, dont est issu Sanji. Après avoir affronté l’un de ses frères, le cuistot suit des retrouvailles musclées avec son père, Judge, souverain du royaume mobile de Germa. C’est l’occasion d’en découvrir plus sur son enfance, et sur les raisons qui ont conduit son père à organiser ce mariage forcé. Enfin, la dernière famille, prépondérante à l’univers de One Piece en générale, c’est bien évidemment l’équipage du Chapeau de Paille lui-même, dont l’unité vaut bien mille sacrifices. Un équipage qui pourrait d’ailleurs accueillir prochainement son dixième membre officiel, après des années de promesses…
Aussi, si le récit reste centré sur les problématiques de l’instant, il est toujours aussi appréciable de voir Eiichiro Oda relier le tout à l’ensemble de son univers. Cela passera par le retour sur le devant de la scène de divers alliés ou rivaux, mais aussi par l’exploitation d’éléments qui paraissaient anodins, trente volumes plus tôt. La cohérence de ce monde n’aura jamais fini de nous étonner ! Ainsi, si l’histoire passe par de nouvelles ramifications et complexifications, ce n’est que pour mieux dessiner un horizon verdoyant.
Alain Broutta
ONE PIECE (—) volume 83 d’Eiichirô ODA (1997)
Aventure/Action, Japon, Glénat – Shonen, juillet 2017, 208 pages, livre broché 6,90 euros