Avec son huitième film, Bong Joon-Ho nous surprend encore : non seulement par le côté intimiste propre à Mother, mais aussi par l’hétérogénéité qui caractérise, finalement, l’ensemble de son œuvre. Si ce dernier film se démarque donc des précédents, on y retrouve néanmoins l’un des thèmes de prédilection du réalisateur : la recherche de la vérité, et son recentrage dans l’histoire coréenne. Cette quête est ici couplée à celle de la scène, de l’image manquante, faisant judicieusement écho à Memories of Murder. Les 2 films ont d’ailleurs plus d’une chose en commun. Entre autres, cette façon cynique mais énergique de montrer l’impuissance des administrations par rapport au peuple d’en bas. Mais Mother est aussi une suite de The Host, le monstre marin ayant cédé la place à une mère (Kim Hye-Ja, hallucinée et déterminée) dont la folie n’a d’égal que l’amour qu’elle porte à son fils.
Le film comporte des scénettes aussi variées que rythmées puis tombe dans l’horreur en nous dévoilant le vrai visage des protagonistes, nous laissant sans voix devant cette représentation métaphorique des heures noires de la Corée. Là où la dictature effaçait les preuves des morts qu’elle avait causées, la mère les fait disparaître du champ de vision mais aussi de la mémoire (l’aiguille d’acupuncture), thème récurrent que Bong travaille depuis ses débuts.
Ce film est à voir (et à revoir) afin d’en saisir toutes les subtilités historiques, psychologiques (psychanalytiques ?) mais aussi de mise en scène, subtilités qui nous montrent une fois de plus que la Corée n’a rien à envier aux autres pays (qui a parlé des États-Unis ?).
Éditeur : Diaphana
Pays : Japon