Changement de temps
Le plus ancien festival de cinéma asiatique fêtait cette année ses trente ans. Fondé en 1976 par deux cinéphiles passionnés, le Hong Kong International Film Festival (HKIFF) se voulait une vitrine sur la cinématographie mondiale largement absente des écrans hongkongais à l’époque. Ce n’est qu’au fil des années et le succès aidant, que l’équipe organisatrice a eu l’idée de privilégier également les films en provenance des contrées asiatiques. Pays alors en vogue suite au succès planétaire de Bruce Lee et de quelques films japonais primés à Cannes, Hong Kong se faisait le porte-parole de cinématographies et de genres moins connus et a révélé – entre autres – les cinquième et sixième générations chinoises.
La rétrocession de l’archipel hongkongais aux autorités chinoises en 1997 a été un coup dur, le HKIFF s’étant vu tailler dans ses subventions et soutiens financiers jusqu’à se faire ordonner de devenir une “manifestation culturelle à but non lucratif”. Difficile dans ces conditions de maintenir le prestige et de se développer, alors que l’actuel Festival de Pusan est soutenu par les autorités coréennes pour devenir le plus important festival en Asie, le HKIFF ne peut désormais compter que sur sa seule expérience pour se maintenir à flot.
Si un certain découragement et une lassitude se lisent sur les visages des actuels organisateurs, ils n’ont pas pour autant perdu la passion qui les anime. Fiers d’avoir su convaincre le célèbre acteur (et producteur) Andy Lau à parrainer l’événement, ils ont réussi à programmer plus de 270 films en quinze jours.
Tout reproche que l’on pourrait également formuler à l’égard du coréen The Peter Pan Formula. Ancien assistant de Kim Ki-duk (Locataires), le réalisateur Cho Chang-ho réalise une chronique douce-amère concernant un jeune adolescent en pleine quête d’identité, qui se trouve subitement livré à lui-même lorsque sa mère est plongée dans le coma. Tout entier formaté pour les festivals internationaux, le film accumule les poncifs pour tenter de captiver son audience, enchaînant drame, larmes et scènes forcément provocatrices. Cela marchera très certainement auprès d’un public non averti, mais rebute par sa volonté commerciale à allier une audience art et essai que l’on espère moins dupe que les producteurs ne le pensent.
Malgré ses contraintes budgétaires revues à la baisse pas des autorités chinoises plus enclins à favoriser le profit immédiat qu’à investir dans des domaines pourtant aussi essentiels que l’art et la culture, le HKIFF réussit à conserver sa renommée par la diversité et la richesse de sa sélection. On ne peut qu’espérer, que les journalistes restent fidèles à ce rendez-vous incontournable comme ils l’ont été au cours des trente dernières années.
Bastian Meiresonne
Juillet 2006
Pays : Hong-Kong