Chine, XIIe siècle, une citadelle labyrinthique. Un peu plus de 2 heures ( c’est la durée du film) avant le lever du soleil, le chancelier de la dynastie Song, Qin Hui, prépare une entrevue diplomatique avec un envoyé Jin. Mais ce dernier est retrouvé assassiné et la lettre qu’il apportait, disparue. Par un concours de circonstances assez incongru, le caporal hâbleur Zhang Da et l’ambitieux commandant en second Sun Jun se voient confier la mission de retrouver la précieuse missive dans les plus brefs délais, sinon ils mourront.
L’intrigue est shakespearienne, mais le ton est donné et c’est plutôt celui de la comédie tant les personnages sont roublards et hauts en couleur. Les actions s’enchaînent alors à un rythme effréné. De découvertes en retournements de situations, d’alliances en traîtrises, l’intrigue est inénarrable tant les rebondissements abondent. Un peu trop d’ailleurs vers la fin. La fameuse missive tenant lieu de mac Guffin. Le spectateur est happé par le brio dans la mise en scène de cette intrigue historique. Qing Hui et le général Yue Fei ont bien existé. De même la situation où le royaume de Jin a gagné des territoires sur la dynastie Song.
Mais ce qui plaît c’est l’intrigue de palais dont les méandres sont la métaphore même de ce qui se joue. Le punk chinois féminin, totalement anachronique, qui rythme chaque déplacement des personnages à l’intérieur de cette forteresse et filmé au drone donne sans doute la clé politique du film.
En effet, son titre fait référence à un célèbre poème attribué à Yue Fei. Connu de tous les Chinois (dixit le message qui s’incruste à la fin du film), il les enjoint à se battre pour sauvegarder l’unité du pays. Et, de fait, les héros du film se battent pour elle. On peut y voir alors un message nationaliste, hégémonique et belliciste bien contemporain d’un cinéaste inféodé au pouvoir en place.
Mais ne boudons pas notre plaisir de spectateur devant ce divertissement de bonne tenue !
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
Full river red, scénario et réalisation de Zhang Yimou, Chine, 2023, 157 mn, en salle le 31 juillet.