Calligraphies de Chen Shih-hsien
« Déprimé par l’enseignement rétrograde auquel j’ai été confronté dans mes études supérieures d’art, j’ai décidé de retourner à la porcherie que mon père avait abandonnée dans le conté rural de Tainan. Pendant cette période de retrait et de réclusion, je faisais de longues marches à pied, je regardais quantité de films du monde entier et je réfléchissais à la façon dont la culture chinoise pouvait prendre racine sur la terre de Taiwan.
J’ai compris alors que la calligraphie chinoise ne pouvait plus servir de simple outil d’écriture dans cette ère de l’ordinateur et du numérique dans laquelle nous sommes plongés. C’est pourquoi il devenait plus urgent de la déployer dans un art dévoué à la terre et à son peuple.
Après cet éveil, mes œuvres calligraphiques ont évolué dans une unique forme de médium qui consiste en des traits et des lignes colorés, mouvants et vivants, qui racontent des histoires ou qui montrent des événements.
En dix ans, j’ai publié trois livres sur la calligraphie, chacun sur un thème précis. Par exemple, dans le plus récent, « Sur l’amour », j’ai joué avec l’écriture du caractère « aimer » en chinois,
Depuis 2007, j’ai commencé à expérimenter l’idée de combiner des éléments de la calligraphie chinoise et de la peinture à l’huile. Je souhaite à présent explorer cette voie et l’approfondir. J’ai fait de la transformation de la calligraphie en un art qui dépasse les frontières du temps et de l’espace et qui reflète parallèlement les émotions d’une terre, de son peuple et de son époque, la mission de ma vie. »
Chen Shih-hsien
***
Chen Shih-hsien n’est pas un calligraphe comme les autres : alors que la plupart des artistes de culture chinoise qui travaillent à partir de la calligraphie comme médium ou comme moyen d’expression, cherchent à l’enrichir à partir d’une recherche formelle, en la rapprochant de la peinture notamment, par exemple en y introduisant la couleur ou en exagérant ses formes, en détruisant sa structure ou en la décomposant, Chen Shih-hsien, de son côté, s’il procède également à une quête formelle, la dépasse et lui donne sens en la rattachant à l’histoire et au vécu de sa terre natale.
Par exemple, dans l’exposition double qu’il présente en France, à Paris, à la Galerie Impressions, et à Lyon, intitulée Père (à Paris) et Mère (à Lyon), l’artiste cherche à exprimer la confrontation, c’est-à-dire les conflits qui agitent l’île depuis plusieurs décennies, mais aussi l’espoir et les idéaux dont ces conflits sont porteurs, à travers un dialogue imaginaire entre un « père » et une « mère ». Les couleurs et formes des lotus de la ferme familiale lui servent à suggérer l’image maternelle de Taiwan, alors que le contraste du noir et du blanc s’applique à la figure paternelle.
L’œuvre de Chen Shih-hsien, qui au demeurant demande une maîtrise parfaite, n’est pas le seul résultat d’innovations formelles et techniques, elle ouvre à l’histoire et aux contradictions de la terre de Taiwan, à toute une culture et à une expérience collective à travers le vécu personnel de l’artiste.
————————————
Vernissage le samedi 5 avril 2008 à partir de 17 heures
Ouvert mercredi de 18 heures à 21 heures et samedi de 14 heures à 20 heures
Date : du 5 avril au 10 mai 2008
Lieu : Galerie Librairie Impressions, 98 rue Quincampoix, 75003 Paris