L’exposition intitulée : « Entre Laos et Vietnam » est la rencontre fructueuse de trois artistes – deux photographes et une peintre – qui depuis vingt ans, au fil de leur pérégrination, se croisent et se recroisent, et qui aujourd’hui enfin trouvent l’occasion, pour notre plus grand bonheur, de confronter leur regard très personnel sur leur pays d’élection.
Du Vietnam, Zohra et Véronique veulent transmettre l’émotion que ses paysages et ses habitants ont fait naître en elles. Du Laos, Sam nous fait partager sa majesté intemporelle.
Zohra, née de mère vietnamienne, portait en elle depuis l’origine la trace et les réminiscences d’un pays qu’elle a quitté toute petite pour n’y revenir qu’à l’âge de trente ans, en quête d’identité. A travers des scènes de la vie quotidienne qu’elle
peint sans relâche, que ce soit des marchés bouillonnant de vie où s’activent des marchands de toute sorte, installant leurs produits sur l’étal, comptant et négociant, ou que ce soit des ruelles bruyantes traversées par des paysannes chargées de lourds fardeaux, ou encore des nuées de jeunes filles éthérées et sublimées par leur tenue traditionnelle conduisant d’élégants vélos, Zohra croque à chaque fois un instantané d’une journée ordinaire au Vietnam.
C’est au cours d’une de ces journées dans le sud, à Saïgon, émaillée de mille et un événements de toute sorte, qu’elle croise Véronique Wlody. Véronique elle aussi cherche à dresser le portrait de ce pays dont est originaire son mari. Tandis que Zohra, en
embuscade au coin d’une rue, peint une scène sur le vif pour en exprimer toute la vitalité, Véronique quant à elle, détecte ce qui est invisible, capte les remous psychologiques, imprime sur sa pellicule ce mélange contradictoire et parfois violent de sentiments qui agite les habitants d’un pays marqué par la cruauté de l’Histoire : il semble à Véronique que pour comprendre ce pays, il soit nécessaire de montrer les stigmates d’une guerre qu’il a endurée durant tant d’années, des stigmates qui s’impriment sur des visages d’enfants à jamais marqués par les bombes ou les produits chimiques. Le passé, oui, mais aussi l’avenir : car le Vietnam de Véronique c’est aussi la capacité de rebondir, le courage de tourner la page et de revivre, la joie de vivre des enfants qui s’amusent de tout. Les photos de Véronique Wlody sont des concentrés de sentiments.
Sam Sisombat lui est laotien d’origine. Quittant à l’âge de neuf ans le Laos pour rejoindre la France, il sublime son souvenir, et c’est avec émotion qu’il retrouve son pays natal à l’âge adulte. Dès lors, tout comme Zohra et Véronique pour le Vietnam, il va s’attacher à transmettre en images son impression du Laos. Dans le portrait qu’il dresse du pays aimé, Sam évèle la majesté, l’harmonie et la beauté des paysages et des monuments. Il veut faire partager les chocs esthétiques qu’il a connus en s’immergeant dans ces sites sacrées que sont Luang Prabang ou Vat Phou, ou en descendant lentement en bateau le Mékong majestueux, dont les eaux flamboient au crépuscule, avant que ne s’y reflète une mystérieuse lumière bleue de clair de lune. Sam part au plus profond du pays, et nous rapporte des photos intemporelles et superbes où se déploient toute la noblesse et la plénitude des habitants photographiés dans leur cadre de vie, en accord avec leur terre, leur fleuve, leur culture ancestrale et leur croyance religieuse.
Trois artistes, trois regards, trois postures. Quand Sam il y a quelques années fait la connaissance de Véronique à Paris lors d’une exposition de photos, il est loin de se douter qu’elle connaît Zohra depuis des lustres, rencontrée au Vietnam, et Véronique elle-même n’imagine alors pas une seconde que Sam aussi connait zohra depuis longtemps, rencontrée en France ! Des rencontres bilatérales s’engagent, et finalement ce sera Zohra qui fera le lien et permettra de former le trio d’aujourd’hui !
(Texte Ossian Claudel)
www.zohra.com www.vwlody.net www.samsisombat.com
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Vernissages le jeudi 2 février 2006 à partir de 19 heures et le dimanche 5 février 2006 de 15 h à 20 h.
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Ouvert mercredi de 18 heures à 21 heures et samedi de 14 heures à 20 heures
Date : du 2 février 2006 au 4 mars 2006
Lieu : Galerie Librairie Impressions, 98 rue Quincampoix, 75003 Paris