Enchères Rive Gauche mettra en vente une centaine d’œuvres asiatiques de la collection Vérité.
Initié dans les années 1920 par Pierre et Suzanne Vérité, puis enrichi par Claude et Janine Vérité, cet ensemble a été constitué par deux couples passionnés par les formes.
A propos de ces œuvres, Claude Vérité confiait : « Chaque objet fut pour moi comme une rencontre »… Parce qu’ils racontent comment l’œuvre d’art naît du dialogue établi entre l’homme et l’objet avec lequel il entre en résonance, ces mots font écho à ceux d’André Malraux : « L’art ne s’apprend pas, il se rencontre »
Malraux poursuit : « Bien que nous sachions ce que les œuvres capitales doivent à leur naissance, elles nous atteignent, à travers la métamorphose, comme des semblables ; et à maints égards, le monde de l’art qui a succédé pour nous à la Nature, c’est le monde dans lequel un Çiva d’Ellorâ est à la fois un dieu de l’Inde et le semblable de l’Aurige, du Chevalier-Aigle de Mexico, d’une statue-colonne, de la Nuit, du Balzac de Rodin, d’un masque africain… Le monde dans lequel ces images parlent un langage différent, et le même langage : un langage de statues et un langage de sculptures. Et dans ce monde que la métamorphose substitue simultanément à ceux du sacré, de la foi, de l’irréel ou du réel, le nouveau domaine de référence des artistes, c’est le Musée Imaginaire de chacun ; le nouveau domaine de référence de l’art, c’est le Musée Imaginaire de tous. »
Une passion, un œil avisé
Depuis leur acquisition par la famille Vérité, ces œuvres asiatiques sont restées éloignées du marché de l’art. Elles n’en révèlent pas moins l’œil avisé des Vérité qui ont su en déceler la qualité incontestable.
Pierre et Suzanne Vérité nouent des liens avec les milieux artistiques et intellectuels de Montparnasse dès les années 20 à Paris, alors capitale de l’art. Ils se rendent fréquemment chez les marchands où se créent leurs premiers coups de cœur pour les arts africains et asiatiques. Voyant passer ici fétiche Fang, là un Bouddha chinois, Pierre et Suzanne Vérité font entrer chez eux l’art d’Extrême Orient.
Claude Vérité rejoint la galerie avec son épouse Janine, dans les années 50. C’est à cette époque qu’ils se familiarisent avec les esthétiques et les cultures asiatiques ; ils acquièrent progressivement des œuvres indiennes et du Sud-Est asiatique. Ces œuvres ne sont alors pas destinées à la galerie ; elles rejoignent le patrimoine familial.
Statuaire asiatique et spiritualité
Des sculptures, encore des sculptures, toujours plus de sculptures… Réalisées entre le IIème et le XIX ème siècles ; en bois, en pierre ou en bronze, ces œuvres diverses ont de multiples origines : la Chine, le Japon, l’Afghanistan, le Tibet… L’unité de cet ensemble réside dans le sacré, essentiel dans la forme statuaire asiatique. « L’artiste oriental, écrivait André Malraux dans Le Musée Imaginaire, avait traduit les formes en un style qui les faisait accéder au sacré, selon des valeurs dont la plus constante était l’éternel. »
La Chine est représentée en une quinzaine d’objets, sans qu’aucune période majeure de la sculpture chinoise ne soit oubliée. Le corpus donne la part belle à l’art bouddhique, illustré notamment par deux grands visages sereins, taillés dans le bois. Plusieurs sculptures en bronze des époques Ming (1368-1644) et Qing (1644-1911) rappellent les liens étroits qui unissent les bouddhismes chinois et tibétains.
La permanence et la majesté de l’hindouisme s’incarnent dans près de vingt statues qui illustrent la richesse de son panthéon et la variété des cultures abritées sous cette religion millénaire, du Rajasthan au Tamil Nadu en passant par le Madhya Pradesh. Vishnu – le Protecteur de l’Humanité, Shiva – le Destructeur et le Régénérateur, Brahmâ – le Principe Suprême, tous les grands dieux sont là, accompagnés de leurs épouses Parvati ou Shri Devi. Leurs enfants les entourent : Skanda – dieu de la Guerre, Chamunda – Protectrice de la foi, Ganesh – dieu à tête d’éléphant.
L’Asie du Sud-Est est également très présente ; l’affrontement entre les Khmers et les Thaïs s’inscrit dans la pierre et le bronze. Une grande représentation en bronze du dieu Shiva datant du début du Xème siècle résume à elle seule l’importance de l’art Khmer dans la statuaire asiatique… avant d’être supplanté à partir du 14ème siècle par les écoles thaïlandaises de Lanna, Sukothaï ou Ayutayia.
Tête de Bodhisattva, Stuc, Art gréco-bouddhique
Afghanistan Pakistan, Région du Gandhara
(IIIème – IVème siècles)
Une centaine d’œuvres de la collection Vérité nous invitent à traverser l’Asie de part en part. La scénographie est confiée à Nathalie Crinière. Ainsi, sans s’égarer ni s’essouffler, l’esprit, conduit par le regard, voyage dans un battement de paupières, des montagnes d’Afghanistan aux temples d’Angkor Vat, d’une Inde sensuelle vers un Tibet inaccessible…
Hôtel Drouot – salles 5 et 6
Exposition des œuvres / vendredi 16 et samedi 17 octobre 2009 de 11h à 18h
Et dimanche 18 octobre 2009 de 11h à 12h
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Vente / dimanche 18 octobre 2009 à 15h
Date : dimanche 18 octobre 2009 à 15h
Lieu : Hôtel Drouot, 9 rue Drouot, 75009 Paris, M° Richelieu Drouot