Le mugham d’Azerbaïdjan est une des facettes les plus brillantes de l’art musical classique du Moyen-Orient et de l’Asie centrale et si Alim Qâsimov en est aujourd’hui l’interprète le plus célèbre, il est aussi le plus créatif.
Le jeune chanteur de 32 ans qui, en 1989, donna à la Maison des Cultures du Monde ses premiers concerts en Occident et y enregistra ses deux premiers disques, est devenu un maître et son empreinte sera à n’en pas douter comparable à celles d’autres figures marquantes de l’histoire du mugham : Khân Shushinski, Jabbar Qaryagdi Oghlu ou Zulfi Adigözelov.
Issu d’une famille modeste, Alim Qâsimov est un musicien complet, imprégné aussi bien par les répertoires religieux et populaires – il doit ses premières émotions à son grand-père, barde de village – que par une musique savante qu’il découvre à la fin de son adolescence.
Alim Qâsimov, c’est aussi une voix dont l’inspiration – il parle volontiers de flamme intérieure – anime la moindre inflexion, aussi bien dans les passages délicats, douloureux, chantés sotto voce, que dans ses vocalises spectaculaires et pathétiques.
Musicien atypique, réfractaire à l’académisme, Alim Qâsimov propose une relecture novatrice du mugham, le rebaignant dans son essence, une poésie romantique qui mêle le profane et le sacré et une forme musicale ouverte, de tous temps rebelle à la sclérose.
Pour sa fille Fargana, Alim est à la fois un père et un maître de musique à l’ancienne. Cette jeune chanteuse a grandi dans l’univers musical de son père, en dehors de tout conservatoire, comme cela se faisait autrefois. Elle excelle tout particulièrement dans le répertoire religieux qu’Alim fut un des premiers à réinvestir après la disparition de l’Union soviétique.
Leur duo vocal ne brise donc pas la tradition, il la prolonge. Pour Alim, son travail d’innovation ou de création à l’intérieur du mugham repose sur la formation en trio classique. De cette association où la voix commande, suivie pas à pas, avec de légers décalages, par le luth târ et la vièle kamânche, il se dégage une atmosphère de complicité, de spontanéité, propice à l’improvisation. Pour lui, chaque concert de mugham est une expérience méditative, voire mystique, dont il ne peut prévoir à l’avance le cheminement, même s’il s’appuie sur une trame fixée par la tradition. Rien n’empêche dès lors d’enrichir la palette sonore avec d’autres instruments, comme le hautbois des bardes, qui viennent nous rappeler que le mugham, pour classique qu’il soit, s’est aussi nourri d’apports populaires.
Ces musiciens hors-pair interprèteront deux grandes suites vocales et instrumentales du répertoire : les mugham Chargâh et Bayâti-Shirâz.
avec
Alim Qâsimov, chant et tambour daf
Fargana Qâsimov, chant
Ali Asgar Mammadov, luth târ
Rauf Islamov, vièle kamânche
Rafael Asgarov, hautbois balaban
Natiq Shirinov, percussions naghara
Dans le cadre du Festival de l’Imaginaire
Plein tarif : 20 €, Tarif abonnés : 16 €, Tarif réduit : 12 €
Accès par la pyramide et les galeries du Carrousel.
Accès privilégié par le passage Richelieu jusqu’à 18h.
Date : Samedi 5 avril à 20h30
Lieu : Auditorium du Louvre, 75001 Paris, M° Palais-Royal