C’est à l’initiative de petits producteurs, de critiques de cinéma et de cinéphiles associés que fut fondée
l’ATG en 1961. Elle put concrétiser ses projets grâce à un mécénat de la compagnie Tôhô qui la dota
d’un réseau de dix salles indépendantes. À ses débuts, l’ATG fonctionna comme une structure de
distribution à vocation européenne (Nouvelle Vague française, jeune cinéma polonais, nouveau
cinéma soviétique, etc.). Elle favorisa en même temps la diffusion de films nationaux classés Art et
Essai. En 1966, le succès mondial de Patriotisme – Rites d’amour et de mort, œuvre expérimentale du
célèbre écrivain Yukio Mishima, l’encouragea à franchir une nouvelle étape : la production. Et c’est
ainsi qu’en moins de cinq ans, l’ATG devint le principal foyer artistique nippon, volontairement
anti-commercial et anti-industriel, à la marge d’un studio system trop contraint par la rentabilité pour
oser s’ouvrir aux avant-gardes nées de l’effervescence politique et culturelle de l’époque.
Refuge des mal-aimés des grands studios (Nagisa Ôshima, Shôhei Imamura, Kijû Yoshida, Masahiro
Shinoda), hôte bienveillant de talents hors normes (Toshio Matsumoto, Shûji Terayama, Hiroshi
Teshigahara) et d’indépendants irréductibles (Shindô Kaneto, Susumu Hani, Akio Jissôji, Kazuo
Kuroki), le système ATG (économie de moyen, partage des risques avec les réalisateurs-producteurs,
primauté de l’art) fut un moment unique dans l’histoire du cinéma mondial. Sans l’ATG, le cinéma
d’auteur japonais n’aurait jamais existé.
Date : Du mardi 7 juin au samedi 23 juillet 2011
Lieu : Maison de la Culture du Japon, 101 bis quai Branly, Paris 15e. M° Bir-Hakeim